Célébrant cette année plus de 50 ans de découvertes et de révélations, les JCC continuent d’être un véritable laboratoire de création et d’échanges renforçant leur rôle de plateforme essentielle pour la promotion du cinéma tunisien, arabe et africain, prônant la diversité cinématographique internationale et soutenant un cinéma militant social et politique
Les Journées cinématographiques de Carthage, événement incontournable du cinéma arabe et africain, s’apprêtent à célébrer ce soir leur 35e édition, une édition particulièrement attendue de par sa spécificité, le contexte mondial dans lequel elle a lieu et, bien sûr, la qualité de ses invités venus de par le monde.
Du 14 au 21 décembre 2024, ce festival sera un véritable carrefour des cultures et des talents cinématographiques, avec une programmation diverse qui met en lumière non seulement des productions internationales, mais aussi un cinéma tunisien en pleine effervescence. En tout, 217 films, issus de 21 pays, seront projetés au cours de cette édition, dont 56 en compétition officielle et 12 dans la section nationale, où le cinéma tunisien occupera une place de choix.
Cette année, le cinéma tunisien bat un record de participation, avec 99 films en compétition officielle et dans les autres sections du festival. Parmi les 15 films en lice pour le Tanit d’Or, la Tunisie sera représentée par quatre longs-métrages qui concourent pour la plus haute distinction du festival. «Les enfants rouges» de Lotfi Achour, «Mé El Aïn» de Meryam Joobeur, «Aicha» de Mehdi Barsaoui et «Borj Roumi» de Moncef Dhouib sont autant de films qui explorent des thématiques fortes, de l’intime aux préoccupations sociétales, et pourraient offrir à la Tunisie son dixième Tanit d’Or. Ce prestigieux prix, attribué pour la première fois en 1976 au film «Les ambassadeurs» de Nacer Ketari, est devenu au fil des années un symbole du rayonnement du cinéma tunisien à l’international.
La cérémonie d’ouverture du festival de ce soir, 14 décembre, se déroulera dans une ambiance solennelle et marquera un moment fort de solidarité avec la Palestine. Le public pourra découvrir un court-métrage poignant, «Upshot» de la réalisatrice palestinienne Maha Haj, mais aussi la projection exceptionnelle de la copie restaurée du film «Le Libérateur», un hommage posthume au réalisateur Kaïs al-Zubaïdî, récemment disparu. Ce dernier, figure emblématique du cinéma documentaire arabe, laisse un héritage précieux que le festival souhaite célébrer à travers cette projection spéciale.
Un autre moment émouvant du festival sera l’hommage rendu à Khemaies Khayati, un des critiques de cinéma les plus influents de Tunisie, dont la disparition a laissé un vide dans le paysage cinématographique national. Pour saluer sa mémoire, un prix portant son nom sera attribué et une exposition de photographies retraçant son parcours sera présentée. En parallèle, une rencontre autour de la critique cinématographique permettra de réfléchir sur l’évolution de ce métier, tandis qu’un court-métrage, «Khemaies Khayati et les Journées du cinéma de Carthage», sera diffusé pour rappeler son rôle clé dans l’histoire du festival.
Un autre grand absent de cette édition est le grand comédien Fethi Haddaoui qui vient de disparaître en laissant un grand vide, les JCC n’omettront pas de lui rendre hommage.
Les JCC 2024 mettront également en lumière plusieurs cinématographies à travers des focus consacrés au Sénégal, à la Jordanie et à la Palestine. Cette dernière bénéficiera d’un programme spécial intitulé «La Palestine au cœur des JCC», qui comprendra des projections en plein air ainsi qu’une rétrospective dédiée à Hany Abou-Assad, l’un des cinéastes palestiniens les plus reconnus à l’échelle internationale.
Un des aspects les plus marquants de cette édition est l’élargissement de l’offre cinématographique au-delà des frontières traditionnelles. En effet, pour la dixième année consécutive, des projections seront organisées dans des établissements pénitentiaires, permettant ainsi aux détenus d’accéder à une culture cinématographique souvent difficilement accessible.
Enfin, les JCC 2024 inaugureront une nouvelle section baptisée «Carthage Extended», dédiée aux expériences immersives. Grâce à des technologies de réalité virtuelle, augmentée et mixte, le festival offrira aux spectateurs l’opportunité de vivre des expériences sensorielles inédites. Ces créations d’art immersif, présentées à la Cité de la culture Chedly Klibi, ouvriront de nouvelles perspectives sur la manière de consommer le cinéma, en repoussant les frontières entre le réel et le virtuel.